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Avance d'actionnaire à France Télécom par les autorités françaises : aide d'État compatible avec le marché intérieur

Public - Droit public général, Droit public des affaires
02/12/2016
L'avance d'actionnaire proposée à France Télécom par les autorités françaises alors que l'opérateur connaissait une crise importante ne constitue pas une aide d'Etat incompatible avec le marché intérieur. Tel est le sens d'un arrêt rendu par la Cour de justice de l'UNion européenne (CJUE) le 30 novembre 2016
En l'espèce, le 4 décembre 2002, l'État français a publié l'annonce d'un projet d'avance d'actionnaire qu'il envisageait au profit de l'entreprise. Ce projet consistait en l'ouverture d'une ligne de crédit de 9 milliards d'euros sous la forme d'un contrat d'avance, dont l'offre a été envoyée à France Télécom le 20 décembre 2002. L'offre de contrat n'a cependant pas été acceptée, ni exécutée.

Par décision du 2 août 2004, la Commission a conclu que cette avance, placée dans le contexte des déclarations faites depuis juillet 2002, constituait une aide dÉtat incompatible avec le droit de l'Union. Le 21 mai 2010, le Tribunal (TPIUE, 21 mai 2010, aff. T-425/04) a annulé la décision de la Commission, au motif que ni les déclarations des autorités françaises, ni l'offre d'avance d'actionnaire ne pouvaient être qualifiées d'aides d'État dans la mesure où elles n'avaient pas effectivement engagé de ressources d'État malgré l'avantage financier conféré ainsi à France Télécom.

Par arrêt du 19 mars 2013, la CJUE (CJUE, 19 mars 2013, aff. jointes C-399/10 P et C-401/10 P) a infirmé l'arrêt du Tribunal, considérant que, bien que n'ayant pas été exécutée, l'avance promise à France Télécom lui avait conféré un avantage octroyé au moyen de ressources d'État, dans la mesure où le budget de l'État était potentiellement grevé. La Cour a alors renvoyé l'affaire au Tribunal pour qu'il statue sur les arguments de l'État français et de France Télécom sur lesquels il ne s'était pas prononcé dans son premier arrêt (TPIUE, 2 juill. 2015, aff. T-425/04).

C'est dans ce contexte que la Cour, sur l'argument de la Commission selon lequel le critère de l'investisseur privé aurait dû être appliqué au mois de juillet 2002 et non au mois de décembre 2002, relève que, d'après les constatations du Tribunal, l'offre d'avance d'actionnaire n'a été faite qu'au mois de décembre 2002, le Gouvernement français n'a pris aucun engagement ferme au mois de juillet 2002 et la décision de soutenir financièrement France Télécom au moyen de l'offre d'avance d'actionnaire a été prise non pas au courant du mois de juillet 2002 mais au début du mois de décembre 2002. Dans ces conditions, anticiper au mois de juillet 2002 le moment où le critère de l'investisseur privé avisé devait être apprécié aurait nécessairement conduit à exclure de cette appréciation des éléments pertinents intervenus entre le mois de juillet 2002 et le mois de décembre 2002, comme l'a constaté à juste titre le Tribunal. Dès lors, la décision de la Commission du 2 août 2004 est définitivement annulée.
Source : Actualités du droit